Pourquoi un blog est un outil indispensable du développeur
- Mia Combeau
- Méthodologie
- 20 juin 2022
Table des matières
Dans la boite à outils virtuelle de tout développeur, il devrait y avoir au moins un éditeur de texte, un compte GitHub, et un blog. Être développeur, c’est bien plus que savoir coder. Il faut savoir apprendre et s’adapter aux nouvelles technologies, communiquer avec ses pairs pour expliquer des points obscurs, et structurer sa pensée pour pouvoir formuler des solutions. Il faut aussi avoir une présence en ligne et un réseau professionnel. Pour cela, un blog est un outil indispensable du développeur.
Un blog de développeur comme outil d’apprentissage
“Écris ce que tu apprends”, c’est peut être le meilleur conseil qu’on m’ait donné. Ce grain de sagesse m’est provenu de mon parrain de 42, Baptiste Devessier. Sans lui, ce blog n’aurait jamais vu le jour.
Ruminer et rechercher
Écrire permet de ralentir sa réflexion, de ruminer ce qu’on apprend. Sans ce processus d’écriture, il est trop facile d’avoir l’impression de comprendre un point de façon intuitive, sans pour autant pouvoir bien l’expliquer. Rédiger un article peut révéler ce genre d’acquis intuitif. Se forcer à trouver une bonne manière de l’expliquer est le meilleur moyen de consolider cette connaissance. Cela nous oblige entre autres à faire des recherches plus approfondies et des tests plus poussés.
L’écriture, c’est aussi une conversation avec soi-même. Mes articles sont des explications à mon moi antérieur, qui n’avait pas la connaissance que j’ai acquise depuis. Avoir une trace écrite de son progrès, comme un journal de bord, permet de mesurer sa propre évolution. Cela permet aussi de pouvoir se rafraîchir la mémoire à l’avenir au besoin.
Un apprentissage open-source
Un blog, c’est aussi un moyen de rendre son apprentissage open-source. À l’école 42, on apprend sans professeurs, grâce aux critiques de nos pairs. Dans ce même esprit, un blog de développeur est un outil qui nous permet de nous exposer aux critiques en ligne. C’est une expérience enrichissante lorsque quelqu’un nous montre nos erreurs pour qu’elles ne se cimentent pas dans nos connaissances.
Un blog de développeur, c’est donc en quelques sortes un outil de débogage de nos connaissances.
L’occasion de découvrir les autres domaines du web
De plus, créer et gérer un blog est en soi un apprentissage. En plus de la rédaction web, il faut découvrir le web design, WordPress ou les langages de programmation web. Puis, il y a le référencement pour les moteurs de recherche (SEO) ainsi que le marketing de contenu.
Avoir une connaissance de base de ces sujets ne peut être qu’un atout, surtout pour les développeurs web.
Un blog de développeur comme outil de communication
Par essence, écrire c’est communiquer. Plus on écrit, plus les mots nous viennent aisément. Rédiger des e-mails, de la documentation ou autre devient plus facile. Même les conversations en personne deviennent plus productives. Un blog, c’est une occasion de pratiquer nos compétences en communication de façon régulière.
Les articles de ce blog sont disponibles en français et en anglais. Écrire dans ces deux langues me permet d’apprendre les terminologies propres à chaque. Par exemple, un “tableau d’entiers” en français, c’est un “array of integers” en anglais, un “processus fils”, c’est un “child process”. Certes, la plupart des développeurs français comprendront les termes anglais, mais peut-être pas tous.
Un blog de développeur pour établir sa présence en ligne
Communiquer, c’est aussi se faire connaitre dans le domaine professionnel. Construire un portefeuille en ligne avec GitHub est vital, mais établir une présence en ligne en dehors de ce réseau est tout aussi important.
Un blog professionnel peut faire la différence lors d’une recherche d’emploi. Un recruteur sera sans doute plus apte à embaucher quelqu’un qui s’est établi à travers son blog que quelqu’un sans autre présence qu’un compte GitHub. Un blog présente une soif d’apprentissage, une aisance de communication, une expertise, une attention au détail et une bonne éthique de travail.
De plus, si l’on s’établit comme expert dans un domaine particulier grâce à un blog, il est très commun de recevoir des offres d’emploi sans même envoyer de candidature. Ces offres du marché caché ne sont pas rendues publiques et ne circulent pas sur les plateformes de recrutement. La majorité des offres d’emploi se trouvent sur ce marché caché !
Ce qu’on écrit maintenant, même en tant qu’étudiants, restera pertinent pour des années à venir. C’est un investissement pour l’avenir.
Un blog de développeur comme outil pour rendre service
Un blog, c’est aussi un investissement pour la communauté. Sans tous les tutoriels, articles et vidéos que je consomme, je ne pourrais jamais en apprendre autant aussi vite sur l’informatique et la programmation.
Avoir un blog et partager ce qu’on apprend, c’est donner un coup de main à ceux qui seront confrontés aux mêmes défis à l’avenir. Dans l’esprit d’un apprentissage open-source et peer-to-peer, il ne faut pas simplement recevoir. On a un devoir de rendre et de contribuer à la connaissance collective. Et parfois, on reçoit un petit message de remerciement qui nous fait chaud au cœur.
Alors, on crée un blog ?
Si c’est un outil si formidable, pourquoi si peu de développeurs et d’étudiants en informatique ont-ils un blog ? Peut-être ont-ils les mêmes objections que moi avant de m’y lancer.
“Je ne sais pas écrire.”
Qui sait parler sait communiquer. Qui sait communiquer sait écrire.
Oui, écrire, c’est aussi une compétence. Au début, ce n’est pas facile et la page blanche peut être anxiogène. Mais avec la pratique, les mots viennent de plus en plus facilement.
Après avoir choisi un thème sur lequel écrire, le mieux est d’aller faire des recherches et de prendre des notes. Avec les notes dans notre brouillon, la page n’est déjà plus blanche ! Ensuite, il suffit d’organiser ces notes de manière cohérente et originale.
Autrement, rédiger un tutoriel pourrait être un bon début : il suffit de faire une liste de toutes les étapes qu’on a effectuées pour arriver à un résultat. Par exemple, on pourrait tout simplement commencer un blog WordPress avec un tutoriel sur comment on a installé et configuré WordPress.
“J’ai peur de faire du plagiat ou de paraphraser.”
Si je ne peux pas reformuler une définition ou un concept à ma façon, c’est que je ne le comprends pas assez bien et je dois faire des recherches plus approfondies.
Dans ce cas, il est utile d’essayer de trouver une façon de tester ce que l’auteur de la source voulait dire. En testant avec notre propre code, on risque même de trouver une autre subtilité qui n’était pas mentionnée dans cette source-là…
Pour ceux qui connaissent une deuxième langue, il y a une autre petite astuce pour éviter de paraphraser par inadvertance. Vu que la plupart de mes sources sont en anglais, j’écris d’abord mon article en français pour ensuite le retraduire en anglais. Souvent, on doit tellement modifier la phrase pendant la traduction qu’on se retrouve avec une toute autre façon d’exprimer la même idée. Si je ne peux pas traduire ma source en français, ça veut dire que je n’ai pas bien compris ce que l’auteur voulait dire, et je retourne à la case recherche.
“Je ne m’y connais pas assez. Il faut être un expert pour avoir un blog de développeur.”
Il n’est pas nécessaire d’être un expert pour commencer à écrire à propos d’un sujet. Bien au contraire !
C’est justement sans rien savoir qu’il faut commencer à écrire. Pour moi, il est bien plus facile de rédiger un article au moment où j’apprends quelque chose de nouveau. L’écriture, c’est un des processus par lequel j’apprend, ce n’est pas un résumé de ce que j’ai appris il y a un an. Et comme le sujet est nouveau, il y a une envie de le crier sur les toits quand j’ai un moment eurêka ! C’est avec ce sentiment qu’il faut attaquer la page blanche.
De plus, un auteur avec des dizaines d’années d’expertise risque de considérer certaines connaissances comme acquises pour son public. Cela pourrait avoir comme effet d’embrouiller le lecteur sur-estimé. Souvent, le lecteur trouvera l’écriture d’un non-expert bien plus facile à digérer.
“Je ne sais pas par où commencer.”
La programmation, c’est un vaste océan. Il faut commencer par ce qui nous intéresse le plus, ou par quelque chose qu’on ne maîtrise pas très bien. Mon premier article sur ce blog était sur l’ allocation de mémoire en C avec malloc, que j’avais du mal à bien comprendre. Maintenant, je maîtrise bien ce point.
Oublions “écrivez ce que vous savez”, écrivons plutôt ce que nous ne savons pas !
“Qui lira mes articles ? Il y en a déjà des tonnes au sujet de la programmation…”
La première chose dont il faut se souvenir c’est qu’avoir des lecteurs n’est pas le but. Le but c’est d’écrire pour soi-même, écrire pour apprendre. Et c’est certain qu’au début, on va souvent écrire dans le vide. Si d’autres personnes prennent le temps de lire nos articles et les trouvent utiles, c’est un bonus. Mais en écrivant assez, avec passion et soin, on va produire du contenu de qualité qui ne manquera pas d’attirer des lecteurs.
J’écris toujours l’article que j’aurais voulu lire quand j’attaquais un certain projet ou que je me suis trouvée face à un problème particulier. Avec une règle comme ça, on va par définition se démarquer du reste des articles sur le même sujet.
Il nous est sans doute tous arrivés de regarder vidéo apès vidéo et de lire tutoriel après tutoriel sans réussir à comprendre un sujet particulier. Jusqu’au moment où on trouve l’explication parfaite et c’est le déclic ! Ce n’est pas que les autres expliquaient mal et ce n’est pas que cette explication-là était objectivement meilleure. C’est simplement que la perspective de cet auteur a résonné avec la notre. Chacun a sa propre perspective sur un sujet, et toutes méritent de se faire entendre.
“Je n’ai pas assez de temps pour écrire.”
Je pensais ne jamais avoir le temps de rédiger des articles de blog tout en étudiant. Surtout avec le blackhole de 42 qui compte inexorablement les jours avant que je me fasse expulser de l’école. Seulement, écrire et étudier ne sont pas deux choses exclusives. On peut faire les deux à la fois, elles s’alimentent l’une l’autre. Parmi les milliers d’onglets ouverts dans mon navigateur, j’ai toujours un brouillon pour prendre des notes quand je fais des recherches et quand je code.
Oui, écrire, ça prend du temps. Et oui, il n’y a jamais plus de 24 heures dans une journée. Pourtant, maintenir un blog ne veut pas nécessairement dire qu’il faut y consacrer d’énormes blocs de temps. Chacun peut adapter son blog à ses contraintes : il n’y a aucune règle qui dit qu’il faut publier un article de 3 000 mots tous les trois jours. Un article peut être très court et précis, et on peut publier seulement une fois tous les deux mois. L’important c’est de prendre l’habitude d’écrire et de publier en ligne régulièrement.
Sources et lectures supplémentaires
- Shawn Wang, Learn in Public [ swyx.io]
- Baptiste Devessier, My commitment to learn in public [ baptiste.devessier.fr]
- Icône de l’image mise en avant de Online Web Fonts